Le Procès commun de Jean Bosco Barayagwiza, Ferdinand Nahimana et Hassan Ngeze, plus connu sous le nom de “l’Affaire des Média”, a débuté aujourd’hui lundi 23 octobre 2000 devant la Chambre de première instance I du Tribunal pénal international pour le Rwanda.
Dans sa déclaration liminaire devant la Chambre composée des juges Navanethem Pillay (République d’Afrique du Sud), Président, Erik Mose (Norvège) et Asoka de Zoysa Gunawardana (Sri Lanka), le Procureur adjoint M. Bernard Muna a comparé les messages anti-tutsis de certains médias rwandais à ceux des propagandistes nazis durant la seconde guerre mondiale.
M. Muna a dit que ce n’était pas les Hutus qui étaient jugés aujourd’hui, mais trois individus qui ont utilisé, ou plutôt mal utilisé, les médias pour faire avancer le but du génocide.
Les trois sont accusés de génocide, de complicité à commettre le génocide, d’incitation directe et publique à commettre le génocide. Hassan Ngeze, quant à lui, est aussi poursuivi pour crime contre l’humanité (assassinats) tandis que pour Jean Bosco Barayagwiza deux autres charges de violations graves de la Convention de Génève pour la protection des victimes de guerre (1949) sont aussi retenues.
À l’ouverture du procès le conseil de Barayagwiza a annoncé à la Chambre que son client a décidé de ne pas assister au procès parce qu’il sent qu’il n’aura pas un procès équitable. Pour sa part Ngeze a refusé d’entrer dans la salle d’audience au motif que le Tribunal n’a pas procédé à la traduction en français ou en anglais de tous les 71 numéros du journal Kangura, dont il avait été le Rédacteur en chef. Le Président avait rappelé plus tôt que le Tribunal n’avait pas assez de moyens pour traduire les 71 numéros mais que les passages les plus pertinents le seront.
Le Président a demandé aux avocats de dire à leur clients respectifs que jusqu’à ce que le Procureur apporte la preuve irrefutable de la culpabilité des accusés, ces derniers sont considérés comme étant innocents. Elle a ensuite rappelé qu’en vertu du Statut du Tribunal, l’accusé était en droit d’assister aux audiences de son procès et, si besoin en était, le Tribunal pouvait exiger sa présence.