Michel Bagaragaza, accusé de génocide, s’est volontairement rendu aujourd’hui au siège du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha (Tanzanie), où il doit comparaître ce jour même devant le Juge Arlette Ramaroson afin de répondre des chefs d’accusation retenus contre lui.
Bagaragaza, ancien Directeur général de l’OCIR-thé, organisme de contrôle de l’industrie de café et du thé au Rwanda, est accusé d’entente en vue de commettre le génocide, de génocide et de complicité dans le génocide. Selon les allégations portées dans l’acte d’accusation du 28 juillet 2005, Bagaragaza a comploté, entre le 1 er janvier et le 17 juillet 1994, avec des employés de l’usine de thé placés sous sa responsabilité et d’autres personnes, en vue de tuer des Tutsis au Rwanda, plus particulièrement dans la préfecture de Gisenyi.
Bagaragaza est accusé d’avoir ordonné à des personnes placées sous son autorité et d’avoir incité, aidé et encouragé celles sur lesquelles il n’exerçait aucune autorité, à tuer des centaines de civils tutsis qui s’étaient réfugiés sur la colline de Kesho près d’une usine de thé située à Rubaya et à la cathédrale de Nyundo, dans la préfecture de Gisenyi.
Bagaragaza est accusé d’avoir contribué à créer, financer, entraîner et armer la milice Interahamwe pour qu’elle lance des attaques contre les civils tutsis. Selon les allégations du Procureur, Bagaragaza était également président d’honneur d’une unité locale des Interahamwe. Il est accusé d’avoir ordonné aux employés de l’usine de thé d’approvisionner les Interahamwe en carburant nécessaire pour leurs véhicules. Il aurait demandé de leur fournir les armes et les munitions à partir d’une réserve de l’usine de thé et aurait ordonné au personnel de l’usine d’aider la milice dans le massacre de centaines de Tutsis.
Le Procureur du TPIR, M. Hassan Bubacar Jallow, a apprécié à sa juste valeur la reddition de Bagaragaza et a affirmé que «l’acte d’accusation de Michel Bagaragaza résulte de nos investigations sur l’Akazu, un groupe composé des proches de l’ancien Président rwandais qui exerçait une grande influence dans les affaires et au sein du Gouvernement jusqu’en 1994. Son acte d’accusation est un des huit derniers que le Bureau du Procureur a dressé contre des personnes suspectées de génocide. Sa reddition aujourd’hui marque ainsi une étape importante dans la réalisation de la Stratégie d’achèvement des travaux du Tribunal».
Bagaragaza est né en 1945 dans la commune de Giciye, préfecture de Gisenyi.