L’ancien Pasteur de l’Église Adventiste du septième jour de Mugonero, dans la Préfecture de Kibuye, Elizaphan Ntakirutimana, a plaidé non coupable de génocide et de crimes contre l’humanité, aujourd’hui, lors de sa comparution initiale devant le juge Asoka de Zoysa Gunawardana de la Chambre de première instance I. Elizaphan Ntakirutimana, qui est âgé de 76 ans, est le premier homme d’église à comparaître devant le Tribunal pour avoir participé au génocide de 1994, au Rwanda.
Ntakirutimana, qui a été transféré à Arusha des États-Unis le 24 mars 2000, serait impliqué dans les massacres de Tutsis au Complexe de Mugonero et dans la région de Bisesero. Pour ces faits, Ntakirutimana est poursuivi sur la base de deux actes d’accusation.
Dans le premier acte d’accusation, qui a été amendé le 27 mars 2000, à Elizaphan Ntakirutima et deux autres accusés, dont son fils Gérard, sont poursuivis pour avoir, de concert avec des membres de la Gendarmerie Nationale, la police communale, des milices et des civils, pris part à des attaques contre des hommes, des femmes et des enfants réfugiés dans le Complexe de Mugonero. Ces personnes se seraient rendues dans le Complexe de Mugonero qui comprend un hôpital, une infirmerie et une église, à la demande de l’accusé. Les attaques se sont déroulées à la suite de celles qui se sont produites dans la Préfecture de Kibuye.
Plusieurs survivants des massacres du Complexe de Mugonero auraient fui dans les environs de Bisesero, qui s’étend sur deux Communes, celles de Gishyita et de Gisovu, dans la Préfecture de Kibuye. Selon le deuxième acte d’accusation qui ne concerne que l’accusé et son fils, ils se seraient rendus en compagnie de membres de la gendarmerie nationale, de la police communale, de miliciens et de civils, à Bisesero, où ils participèrent quotidiennement à des tueries contre les réfugiés, durant plusieurs semaines.
Lors de la traque des survivants dans la région de Bisesero, Elizaphan Ntakirutimana aurait ordonné la destruction du toit d’une église à Murambi pour que cette église ne serve plus de refuge aux Tutsis.
Ntakirutimana a été arrêté une première fois le 29 septembre 1996 aux États-Unis, relâché 14 mois plus tard et arrêté de nouveau le 26 février 1998. Après plus de trois ans de procédures, le Secrétaire d’État américain, Madame Madeleine Albright, a signé la décision autorisant son transfert au début de ce mois.