L’ancien Premier ministre du Rwanda, Faustin Twagiramungu, a témoigné aujourd’hui pour la Défense dans l’Affaire le Procureur contre Elizaphan Ntakirutimana et son fils Gérard, devant la Chambre de première instance I composée des juges Erik Møse, Président, Navanathem Pillay et Andrésia Vaz. Faustin Twagiramungu est le premier témoin cité par la Défense.
Lors de l’interrogatoire mené par Ramsey Clark, ancien Attorney général des Etats Unis et avocat d’Elizaphan Ntakirutimana, le témoin s’est livré à une analyse détaillée de la lutte pour le pouvoir qui sévissait avant la signature des accords de paix d’Arusha du 4 août 1993. Le témoin a été Premier ministre désigné du Rwanda avant le génocide. Il a été chef du Gouvernement entre juillet 1994 et août 1995. Il était aussi Président du Mouvement Démocratique Républicain (MDR). Actuellement il vit en exil à Bruxelles en Belgique.
L’ancien Premier ministre a dit, entres autres, que les luttes internes au sein de plusieurs partis politiques, dont le Front Patriotique Rwandais (FPR) ont interrompu la mise en place d’un Comité de Transition Gouvernemental comme il avait été convenu. Tout le monde s’est servi des antagonismes Hutu/Tutsi pour des raisons politiques et personnelles. Sans tenir compte de ces problèmes, son parti le MDR et lui ont continué à travailler pour la paix et l’unité nationale dans le pays, a-t-il ajouté. La situation au Rwanda avant le génocide de 1994 était sans espoir du fait des tueries et assassinats perpétrés dans différentes parties du pays et de la guerre civile qui faisait rage dans le Nord, dira-t-il en substance.
Elizaphan Ntakirutimana, ancien pasteur de l’Église d’adventiste du 7ème jour et son fils, Gérard, médecin sont conjointement accusés de génocide et de crimes contre l’humanité dans le cadre des événements qui se sont déroulés à l’Église de Mugonero et dans le complexe hospitalier de la Préfecture de Kibuye.
Ouvrant la séance, le Juge Møse a annoncé que dorénavant les audiences bénéficieront de l’interprétation simultanée du kinyarwanda vers le français. Jusqu’à ce jour l’interprétation du ou vers le kinyarwanda était consécutive, et de ce fait doublait le temps nécessaire à l’interrogatoire des témoins. Ce nouveau développement a été rendu possible grâce à la formation par le Tribunal d’interprètes kinyarwandophones. Cette première dans le domaine de l’interprétation va participer à l’accélération des procès devant le Tribunal.